Décès d’un jeune travailleur à Terrebonne : assez, c’est assez
Terrebonne, le 5 août 2025 — Le Local 791 – Union des opérateurs de machinerie lourde est bouleversé par le décès tragique d’un jeune travailleur de 21 ans, survenu hier sur un chantier de la rue Florimond-Gauthier, à Terrebonne. L’accident, causé par le godet d’une pelle mécanique, a coûté la vie à un travailleur qui venait tout juste de reprendre le travail après les vacances de la construction.
Ce drame est une blessure collective pour notre industrie. Et pour nous, au Local 791, il s’agit d’un deuil d’autant plus lourd que l’opérateur impliqué exerce notre métier, est donc un de nos confrères.
Deux victimes. Une industrie à genoux.
Ce que nous avons vécu hier, c’est une double tragédie.
Oui, un jeune homme est mort. C'est d'une incroyable tristesse, et nous étendons nos plus sincères condoléances à la famille, aux collègues et aux amis.
Ceci dit, nous prenons aussi cette triste occasion pour rappeler qu'un autre — un opérateur de pelle, un professionnel — a vu sa vie basculer en une fraction de seconde. Même si l’enquête ne lui reprochait rien, il vivra avec ce poids énorme à jamais.
Pour nous, il est aussi une victime. Une victime collatérale d’un système qui l’a laissé seul avec sa pelle et trop de responsabilités sur les épaules.
On nous demande toujours de rester calmes. De «laisser les enquêtes suivre leur cours».
Mais il y a un moment où la patience atteint ses limites.
Trop, c’est trop.
Assez, c’est assez.
Il faut que cesse l'hécatombe, les familles brisées. On ne peut pas juste signer des chèques de la CNESST, et répéter que c’est un malheureux accident. Que ce sont les risques du métier. Tous nos travailleurs et travailleuses méritent de la dignité, et de rentrer chez eux après leur quart de travail.
Pendant que nous parlons de cette catastrophe, le gouvernement s'est engagé à couper 5 % des effectifs de la CNESST. Nous allons dénoncer ces coupures sauvages qui coûtent des vies à chaque occasion.
D'ailleurs, le ministre du Travail, en commission parlementaire l'an passé, refusait catégoriquement d'exclure le métier d'opérateur du principe de polyvalence, confirmant au passage ce qu'on savait déjà : que pour lui, n’importe qui peut opérer. Qu'il avait lui-même déjà opéré de la machinerie, en rigolant.
Même sa directrice des communications avait dit au Devoir le 6 mai 2024 qu' «on ne peut pas s’improviser opérateur de machinerie lourde». Nous estimons donc qu'il est d'autant plus important que les opérateurs soient exclus du principe de polyvalence adopté dans la Loi 19, que nous connaissons mieux comme le Projet de Loi 51. Si on ne peut s'improviser opérateur, il faudrait que la Loi le dise.
Alors qu'il a décidé d'assouplir les règles encadrant le métier d’opérateur de machinerie lourde avec son concept de polyvalence, le drame survenu hier nous confronte à une vérité implacable : même formés, expérimentés et vigilants, les opérateurs évoluent dans un environnement à haut risque, avec des grandes responsabilités vis-à-vis des autres travailleurs et travailleuses à pied d'œuvre sur les chantiers.
La machinerie lourde ne tolère aucune approximation. Ce n’est pas moins de rigueur et d'encadrement qu’il faut. Il en faut plus pour éviter ce qui se produit sur les chantiers avec la machinerie lourde. Les responsabilités en santé et sécurité exigent qu’on renforce les dispositifs, pas qu’on les affaiblisse.
Hier, un jeune homme est mort.
Depuis hier, un opérateur vit avec l’horreur. Et probablement, des séquelles permanentes.
Et nous, on est tannés.
Un métier qui mérite le respect. Un syndicat qui ne se taira pas.
Être opérateur de machinerie lourde, ce n’est pas une improvisation.
Ce n’est pas un passe-temps. Ce n’est pas une job qu’on apprend sur YouTube.
C’est un métier. Un vrai. Un métier de précision, de jugement, de sang-froid. Et quand on nie ça, on nie notre humanité, notre compétence, la valeur de notre formation et de notre expertise.
Nous n’acceptons plus d'être banalisés ou ridiculisés. Nous n’acceptons pas que la prévention soit sabrée. Nous n’acceptons pas que la sécurité soit vue comme une dépense. C'est de sauver des vies dont il s'agit.
Le Local 791 réagira à chaque fois qu'une tragédie de la sorte se produira.
Nos demandes immédiates
Nous exigeons :
-Une enquête rigoureuse, publique et indépendante sur le drame de Terrebonne, et sur l'arbre des causes qui ont mené à cette tragédie
-Un moratoire immédiat sur les compressions à la CNESST
-Le retrait de toute disposition de la Loi 19 (qu'on connaît comme Projet de Loi 51) qui mine la reconnaissance des opérateurs : la polyvalence ne doit permettre à personne d'opérer de la machinerie lourde sans formation, sans apprentissage et sans cartes de compétence.
Plus jamais ça
Nous continuerons de dénoncer, haut et fort, chaque injustice, chaque coup de ciseau dans la prévention, chaque propos qui banalise notre métier.
Aujourd’hui, un de nos frères porte un poids insoutenable.
Aujourd’hui, une famille pleure un fils.
Et aujourd’hui, nous disons assez.
Assez de deuils.
Assez de compressions.
Assez de mépris.
Le Local 791 est en deuil. Mais il est aussi en colère. Et il est plus mobilisé que jamais.
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Pour plus d’informations ou pour une demande d’entrevue
Marc-André Blanchette
Représentant technique
Local 791 - Union des opérateurs de machinerie lourde - FTQ-Construction
mablanchette@local791.ca
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