DES RÉPONSES PENDANT LE TEMPS DES FÊTES À L’ANTISYNDICAL DE LA FAMILLE.

Des réponses À VOTRE BEAU-FRÈRE QUI N’AIME PAS LES SYNDICATS.

Beau-frère : « Vous travaillez pas tant que ça. »

Toi : « On travaille 1005 heures par année en moyenne. C’est pas qu’on veut pas travailler… c’est qu’on attend que l’industrie se décide à nous mettre de la job. Crois-moi, Éric : personne se vante de travailler la moitié d’un temps plein, pis on se met pas riches amanchés de même»


Beau-frère : « Cherche-toi juste un bon contrat. »

Toi : « En construction, un “bon contrat” ça peut finir le lendemain matin. L’insécurité d’emploi, c’est pas un choix… c’est la réalité du métier. Le syndicat, c’est la seule affaire qui, elle, ne ferme jamais. »


Beau-frère : « C’est pas si dangereux que ça. Me semble que c’est facile de se protéger sur un chantier ! »

Toi : « Y’a encore des gars qui meurent chaque année, Éric. Pis quand ça arrive, on dit juste : “Ah, un autre.” Le syndicat, lui, dit : “Plus jamais.”
C’est une différence importante. »


Beau-frère : « Vous êtes payés cher. »

Toi : « On vit en moyenne 6 ans de moins que les autres travailleurs. C’est comme si on nous donnait l’argent d’un divorce… sans avoir été mariés. »


Beau-frère : « Vous protégez les pas bons. »

Toi : « On protège les gars contre les boss pas bons. C’est pas pareil. On parle jamais de la responsabilité du boss de bien diviser et de prévoir le travail, c’est pas à l’ouvrier à organiser le travail, il fait son métier. »


Beau-frère : « Tout est caché dans les syndicats. »

Toi : « On négocie sans dévoiler nos cartes. Tu fais ça au poker. Tu fais ça dans ta vie. Nous aussi on fait ça quand il y a des millions en jeu. Si on montre au boss notre jeu, tu penses qu’il va pas s’en servir et négocier comme du monde ? »


Beau-frère : « La construction, ça roule sur l’or ! »

Toi : « Oui, pour ceux qui encaissent. Pas pour ceux qui creusent les tranchées. On construit la richesse, mais sans syndicat, on n’en verrait même pas les miettes. Ils parlent tout le temps de nos salaires, mais le prix des maisons a augmenté de 66% pendant que nos salaires ont augmenté de 8,20% dans la même période. Les boss parlent pas de surenchères, des courtiers immobiliers qui arrangent la patente pour faire monter les prix, des coûts de matériaux et de terrain, pis de la spéculation immobilière. Toujours plus facile de fesser sur nos têtes comme travailleurs. »


Beau-frère : « Les gars vivent sur le chômage. »

Toi : « Non. Les gars survivent grâce à l’assurance-emploi. Une nuance qui fait toute la différence… surtout en hiver. On commencera pas à creuser dans la glace quand même, c’est le travail qui est saisonnier, pas le travailleur. »


Beau-frère : « Y’en a qui aiment ça chialer. »

Toi : « Chialer, c’est se plaindre de la météo. Dénoncer sur la construction, c’est empêcher un décès. Chacun son niveau. »


Beau-frère : « Si quelqu’un fait pas la job, congédie-le. »

Toi : « Certain.
Mais congédier quelqu’un parce qu’il coûte trop cher ? Parce qu’un contremaître veut son beau-frère ? Parce qu’il a refusé une tâche dangereuse ? C’est pour ça qu’on existe. »


Beau-frère : « Vous autres, vous coûtez cher. »

Toi : « On a récupéré des millions en salaires non versés et en indemnisations non-versées. C’est pas nous qui coûtent cher, Éric.
C’est les employeurs qui ne paient pas. »


Beau-frère : « Dans mon temps, y’avait pas besoin de syndicat. »

Toi : « Dans ton temps, y’avait pas de harnais, pas de normes, pas de retraite et pas d’espérance de vie. Dans ton temps, Éric… on mourait jeunes et on fermait nos gueules. »


Beau-frère : « 1005 heures… vous faites quoi le reste du temps ? »

Toi : « On attend la prochaine job. On rafistole nos corps. On jongle avec l’assurance-emploi. On prie pour que l’industrie reparte. On n’est pas à Punta Cana, Éric. »


Beau-frère : « Vous êtes dans une machine, c’est pas si pire. »

Toi : « Les machines vibrent, cognent, secouent, écrasent, intoxiquent. Pis quand elles se renversent ? Elles t’avertissent pas. »


Beau-frère : « On se fait congédier pour travailler moins fort que ça. »

Toi : « Nous, on se fait congédier parce qu’il pleut, parce qu’il neige, parce que le béton coule pas, parce que l’ingénieur est pas venu.
Bienvenue dans notre réalité. »


Beau-frère : « Vous avez une bonne retraite. Chanceux. »

Toi : « Ça c’est quand on se rend ! »


Beau-frère : « Vous aimez ça confronter les boss. »

Toi : « On aime surtout ne pas se faire parler comme des déchets humains. Les syndicats, c’est de la dignité en gang. »


Beau-frère : « Y’a des bons boss. »

Toi : « Absolument.
Mais les règles, on les bâtit pour les mauvais. Parce qu’un seul mauvais boss peut détruire 50 vies. »


Beau-frère : « Ça change quoi d’être syndiqué ? »

Toi : « Ça empêche qu’un entrepreneur écrase nos salaires en embarquant de la sous-traitance au rabais. »


Beau-frère : « C’est pas la guerre votre affaire. »

Toi : « Viens passer une journée près d’une pelle, d’un camion benne, d’un tunnel, d’une grue, d’une tranchée. Parle-moi après. »


Beau-frère : « Vous êtes tough, ça doit pas vous stresser. »

Toi : « On est tough, mais pas insensibles. Vivre en se demandant chaque semaine si t’auras encore une job… c’est stressant pour n’importe qui. »


Beau-frère : « Les syndicats, ça crée des chicanes. »

Toi : « Défendre tes droits, c’est pas une chicane. C’est du respect. La chicane, c’est quand on nous respecte pas. »


Beau-frère : « On voit jamais ce que votre syndicat fait. »

Toi : « C’est normal : la plupart des combats se règlent avant que ça devienne un problème.
Un peu comme un frein qui t’évite un accident — tu le remarques juste quand il fonctionne pas. »


Beau-frère : « Les syndicats se mêlent trop de politique. »

Toi : « Quand un gouvernement veut déqualifier notre métier, affaiblir la sécurité, repousser l’âge de la retraite, passer des lois spéciales pour nous empêcher de faire la grève ou couper l’assurance-emploi, tu veux qu’on fasse quoi ? Être content de faire rire de nous autres ? »


Beau-frère : « Les cotisations, c’est cher. »

Toi : « Pas autant que les heures non payées, les accidents, les congédiements arbitraires et les abus. »


Beau-frère : « Vous vous prenez pour une classe à part. »

Toi : « Oui. Parce qu’on vit une réalité à part. Et sans syndicat, cette réalité-là serait invivable. »


Beau-frère : « Faut pas voir les boss comme des ennemis. »

Toi : « On les voit pas comme des ennemis. On les voit comme des joueurs de l’autre équipe. Pis une équipe qui joue sans défense… ça perd toujours. »


Beau-frère : « Les syndicats bloquent le progrès. »

Toi : « Ajuster les cabines pour qu’on meure pas de chaleur extrême, c’est bloquer le progrès ? Protéger des vies, c’est bloquer le progrès ? Faut revoir ta définition, Éric. »


Beau-frère : « Vous êtes chanceux d’être bien payés. »

Toi : « C’est pas de la chance. C’est du rapport de force. Quand t’as pas de syndicat, ton salaire dépend de la chance. Nous, il dépend d’un contrat négocié. Demande aux gars dans la rénovation s’ils aimeraient une négociation plutôt que d’essayer la roulette. »


Beau-frère : « Avant c’était utile, astheure ça sert pu à rien. »

Toi : « Je sais pas si tu as vu, mais les plus riches continuent de s’enrichir, beaucoup plus rapidement qu’avant. Avant il y avait un accord de principe : si tu travailles plus fort et mieux, on va partager la cagnotte ensemble. Depuis 1980, l’écart entre la productivité et le salaire se creuse, sur notre dos. C’est normal de vouloir que la richesse soit mieux partagée. Sans syndicat, on laisse le loisir au boss de décider, pis il décide de protéger ses profits »

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