UN GOUVERNEMENT ORIENTÉ VERS LE SACCAGE DU POUVOIR DES TRAVAILLEURS.

Divulgation des états financiers des syndicats : qu’est-ce que ça veut dire ?

Ça veut dire que demain matin, les boss vont avoir accès à notre plan de match. Ils vont savoir combien on a dans le fonds de grève, combien on met dans le juridique, quels moyens de pression on peut se payer. C’est comme si dans une game de hockey, tu annonçais à l’autre équipe ton nombre de joueurs blessés pis ton plan de power play. Pis ça, c’est n’importe quoi. Le ministre vient scrapper le rapport de force pis donner les clés de notre union aux boss.

Je ne sais pas comment les gens pensent que ça se passe dans un syndicat, mais ce n’est pas compliqué : l’argent passe dans les salaires du personnel du syndicat, les bureaux, les articles promotionnels et les déplacements. Ce qu’on fait, c’est du service aux membres. N’importe qui a assisté à une rencontre syndicale sait ça.

Si le gouvernement veut parler de transparence, on a une suggestion : qu’il commence par montrer patte blanche sur l’aide aux entreprises !


Cotisations “facultatives”

Est-ce que tu échangerais une piastre ou deux par mois contre le droit de contester une loi injuste qui menace ton métier, ta sécurité, tes heures ou ta retraite ?

Ton argent, elle va au service aux membres et à la défense de tes intérêts de travailleur. Eh oui, nos représentants ne couvrent pas le territoire à pied ou en trottinette. Sans l’ensemble de ta cotisation, il est fort possible qu’on n’aurait pas pu défendre ton métier aussi bien aux audiences sur le projet de loi 51 et rencontrer le ministre pour lui signaler son erreur. Il n’y aurait pas d’enquête publique de déclenchée sur les décès dans la construction non plus, parce que le ministre avait refusé notre requête. Il n’y aurait pas d’assurance-emploi, de fin de semaine ou de vacances. Les revendications que nous avons à l’article 2 de nos statuts et règlements nous autorisent à le faire, notre exécutif provincial l’approuve et tous nos consultatifs régionaux l’approuvent.

ARTICLE 2

L’Union aura pour buts l’étude, la sauvegarde, la défense, la promotion et le développement des intérêts économiques, sociaux et éducatifs de ses membres, et plus particulièrement la négociation et l’application des conventions collectives et de la Loi R-20.

Aucun combat n’est facultatif, ta santé et ta sécurité sur les chantiers, l’éducation, la formation professionnelle, la retraite, les assurances, le coût de la vie, la francisation en milieu de travail, ce sont des choix qui sont faits ou influencés par la politique. Si les associations patronales multiplient les rencontres avec les élus, pourquoi nous ne le ferions pas pour défendre ta job ?

Regarde le tableau : la FTQ représente plus de 600 000 membres. La FCEI est une association d’entreprises, l’ACQ aussi, le CGEQ aussi… Si on additionne les représentations des employeurs auprès d’élus, ce sont plus de 280 mandats de lobbying, contre 44 pour la FTQ… On voit bien que le ministre cherche seulement à limiter le travail des syndicats pendant que c’est un bar ouvert pour les entreprises ! Et ça, c’est juste pour le top 10.

Depuis notre fondation en 1968, c’est écrit qu’on va prendre tous les moyens nécessaires pour protéger tes acquis et améliorer tes conditions de travail, et ça, ça inclue la politique.


Pourquoi ce n’est pas facultatif ?

Parce que pendant que le gouvernement de François Legault multiplie les subventions aux entreprises, plus de 28 milliards entre 2019 et 2023, le ministre du Travail est à l’œuvre pour nuire aux travailleurs à chaque occasion possible et favoriser les boss.

  • PL 89 pour limiter le droit de faire la grève
  • PL 51 pour permettre à n’importe qui d’opérer à notre place
  • PL 101 pour que les boss connaissent notre marge de manœuvre pour défendre tes intérêts.

Nous avons le mandat de défendre les opérateurs de machinerie lourde depuis 1968, et s’il faut le faire au Parlement, au fin fond de la Baie-James ou encore à Ottawa, on va le faire. C’est aussi pour ça qu’on existe.

Pour que personne ne porte atteinte à ta dignité, pour que tout le monde te respecte, d’abord comme opérateur, mais aussi comme ouvrier et contribuable.


Quand le jupon patronal dépasse.

Je voudrais finir là-dessus : lors de négociations, le ministre a systématiquement pris le bord des boss. Dans la grève du résidentiel, il a pris le rôle de perroquet de l’association patronale. Quand il a vu que les associations patronales passaient un mot d’ordre de ne pas laisser passer les représentants sur les chantiers, alors que c’est prévu dans la Loi que nos représentants peuvent y aller, il n’a pas rempli son rôle de ministre. Il s’est contenté de dire que les maisons allaient coûter plus cher, alors qu’il sait très bien que c’est dans le profit des entreprises que va l’argent de la construction de la maison, pas dans les poches du salarié. Sinon, comment expliquer que le prix des maisons a doublé pendant que les salaires montaient d’environ 8% pendant la même période ?

Le Ministre du Travail n’est pas le président de la Chambre de commerce ou le président du Conseil du patronat. On s’attendrait à un peu plus d’équilibre entre le patronat et le syndicat, mais à chaque fois qu’il a à se prononcer, il prend le bord du patron. Moins de sécurité, moins de protection, moins de respect des travailleurs, pour plus de profits pour les entrepreneurs.

  • Coupures à la CNESST, 
  • Refus de déclencher une enquête publique sur les décès dans la construction,
  • Refus d’exclure l’opération de machinerie lourde de la polyvalence avec C-51,
  • Limitation du droit de faire la grève avec le PL 89,
  • Sabotage systématique de notre rapport de force,
  • Ingérence systématique dans toutes nos décisions, notre juridiction et notre travail de négociation,
  • Pas de ressources pour la francisation,
  • Pas de ressources pour la formation professionnelle,
  • Des écoles qui tombent en ruine, des annexes d’hôpitaux en roulottes de chantier.

En gros, de l’argent et des outils pour aider les boss, il y en a en masse, mais pour aider celui ou celle qui se lève le matin pour bâtir le Québec, ça ce n’est pas pareil.

À ceux et celles qui liront ceci et continuent de douter : à quelle occasion le ministre Boulet a-t-il fait quelque chose qui allait dans le sens de la protection des travailleurs et même, leur valorisation et leur importance dans la société québécoise ?


Marc-André Blanchette, Représentant technique

Union des opérateurs de machinerie lourde, Local 791

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